Dans la peau d’un commissaire de piste

« Commissaire de piste, c’est avant tout une passion » : voilà les mots exprimés par Julien Chevereau, commissaire de piste depuis 2006, principalement sur le circuit du Mans, interviewé pour mieux vous faire connaitre le travail de ces acteurs indispensables, mais souvent dans l’ombre, du sport automobile.

Licence Creative Commons / Dan Smith

Julien est intarissable lorsqu’on lui parle de sa passion. Il a décidé de la vivre de prés en devenant commissaire de piste, ce qui selon lui est bien plus abordable financièrement que la compétition automobile en elle-même : « La licence pour devenir commissaire coûte 75 euros alors que certaines licences permettant de participer aux course derrière un volant peuvent atteindre jusqu’à 1500 euros ».

Il faut également savoir que l’activité de commissaire de piste et du pur bénévolat : « Cest une activité bénévole. Nous choisissons les courses sur lesquelles nous voulons intervenir, et tout les frais sont à notre charge (trajet, nourriture, hébergement etc…). Parfois, certains circuits ou organisateurs nous offrent des cadeaux provenant des sponsors ou des dédommagements pour le déplacement…mais cela reste rare. On retrouve cela surtout sur les courses de rallye. La plus part du temps, un emplacement nous est réservé pour nos tentes, caravanes ou camping-car. »

Il faut donc réellement aimer le sport automobile et la compétition pour faire ces sacrifices financiers. Mais alors, si nous sommes des passionnés, comment pouvons nous devenir commissaire de pistes ? Julien nous répond en partageant ses expériences et son parcours :

« Pour devenir commissaire c’est très facile ; il suffit de faire une demande à son A.S.A (Agence Sportive Automobile) la plus proche de son domicile.

Quelque jours plus tard on reçoit une convocation pour passer une journée de formation : théorie le matin et pratique l’après midi.

À la fin de la journée on nous donne un formulaire pour obtenir une licence FFSA (valable également pour les courses FIA inscrites au calendrier) de commissaire stagiaire. Cette période de stage dure un an et nous sommes commissaire sur les circuits sous l’ordre du chef de poste, qui nous forme en direct. Il nous apprend à manipuler les drapeaux, à avoir les bonnes réactions en cas de sortie de piste, à gérer les interventions sur la piste elle-même (ce qui doit rester très rare) etc…

A la fin de cette période de formation, nous devons passer un examen pour devenir commissaire International B (une appellation de la FFSA). En cas d’échec, nous pouvons repasser au bout d’un an l’examen et si on le réussi, nous sommes apte à intervenir en piste et à briguer la place de chef de poste. »

Une rigueur et une formation essentielle à la vue des responsabilités qui incombent aux commissaires de piste. De nombreuses qualités d’anticipation et de compréhension de la course sont nécessaires à ces hommes et femmes pour mener à bien leur mission : « La principale qualité d’un commissaire est d’être très attentif, car le sport automobile reste un sport dangereux et on doit être concentré à 100 % tout le long des essais et de la course pour assurer au mieux la sécurité des pilotes et des collègues commissaires. »

Placé sous l’autorité de la direction de course, le commissaire a pour rôle majeur de « veillez à la sécurité des pilotes, assurer le bon déroulement de la course, avertir en cas se sortie de piste, en cas de dépassement et surtout de faire en sorte que la course se déroule dans les meilleures conditions possibles. »

Etre sur le bord de la piste peut donc être passionnant, mais cela est surtout très dangereux. L’intervention du commissaire de piste courageux lors du Grand Prix du Canada cette année en est la preuve. Julien Chevereau également en a fait la dure expérience lors d’une course de

Formule 3.5 sur le circuit Bugatti au Mans : « J’ai reçu un aileron au niveau du visage après un choc entre deux voitures. Plus de peur que de mal heureusement car l’élément aérodynamique a été ralentit par le mur de pneumatiques avant de m’atteindre et le choc n’a pas été violent. J’ai eu de la chance, mais je n’oublie pas que certains de mes collègues ont perdu la vie en pratiquant leur passion. »

Heureusement, il y a également des moments moins douloureux que Julien partage avec humour : « Ce qui est marrant lorsqu’on est commissaire de piste, c’est que les gendarmes présent sur les circuits sont sous nos ordres. J’ai également rencontré des pilotes qui ne connaissaient pas la signification des drapeaux, notamment un qui s’est arrêté au pied du muret des stands pour nous demander la signification du drapeau noir que nous lui agitions depuis quelques tours ! Le lendemain il est revenu nous voir pour s’excuser et nous réciter la signification de tous les drapeaux. Amusant mais inquiétant tout de même… »

Julien s’inquiète néanmoins de l’avenir de la « profession » : « Avec les diverses évolutions que nous rencontrons, comme les drapeaux électroniques, il y a de moins en moins de commissaires sur les pistes. C’est certainement bien pour la sécurité mais…de plus, les anciens s’arrêtent les uns après les autres et peu de jeunes prennent la relève. »

 

Un appel est donc lancé à tous les passionnés de course automobile qui voudrait vivre leur passion comme le fait Julien Chevereau qui s’est retrouvé sur le bord de la piste des 24h du Mans pour la sixième fois cette année.

Axel B.

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