Une histoire de nez

« C’est un roc !… C’est un pic !… C’est un cap !… Que dis-je, c’est un cap ?… C’est une péninsule ! » Voici une tirade du célèbre Cyrano de Bergerac qui sied très bien à la forme nasale des monoplaces de Formule 1 en 2014. Mais comme le fameux Cadet de Gascogne imaginé par Edmond Rostand, il y a fort à parier que ces nouvelles nées de l’année ne manqueront pas de panache.

Licence Creative Commons / Lea Hidalgo

Licence Creative Commons / Lea Hidalgo

De tous temps, la Formule 1 a connu des bizarreries esthétiques, et s’en est finalement accoutumée.  Lorsque les moteurs sont passés à l’arrière, les plus conservateurs, Enzo Ferrari en tête, avaient poussé de hauts cris. Les réactions ont été les mêmes avec l’arrivée des premiers ailerons, placés à la manière d’un bricolage astucieux à partir de la saison 1968. Sans aucune réglementation sur le sujet, les pires idées ont traversé les esprits des ingénieurs et ont conduit à des situations esthétiques que renierait le moindre designer automobile aujourd’hui.

On peut se souvenir également, dans un passé plus récent, des fameuses ailes de mouettes apparues à la fin des années 90 sur les Tyrrell et qui avaient fait école au point de se retrouver sur la majorité des monoplaces du plateau avant d’être interdites grâce à un élan de lucidité par la FIA.

D’autres tentatives comme le capot moteur rectiligne surmonté d’un mini-aileron sur la McLaren-Mercedes de 1995 ou le nez en forme de morse de la Williams FW26 de 2004 n’ont heureusement pas fait date, suite à un manque d’intérêt en termes de performance.

Aujourd’hui donc, les museaux version 2014 créent la polémique. Il n’y a guère que Mercedes et Ferrari qui ont tenté d’apporter une solution esthétiquement neutre, mais pas forcément plus réussie, aux nouvelles donnes du règlement technique. Les autres, ont tenté de masquer leurs appendices apparents derrière de judicieuses robes peinturlurées.

Au final, il va falloir attendre les premiers Grands Prix pour que se détache une vérité sur l’influence de cet aspect aérodynamique sur les monoplaces. Est-ce que la forme nasale va avoir une incidence majeure sur les performances ? Certaines écuries adopteront-elles des solutions différentes ?

On sait d’ors et déjà que la FIA a décidé de plancher sur une évolution de la réglementation technique pour 2015 afin de modifier l’aspect des monoplaces. Un aveu clair et précis du manquement de cette dernière qui a, une fois de plus, fait primer l’envie de donner du spectacle avant de prendre en compte des considérations esthétiques.

Les observateurs les plus amusés par cette situation ont déjà fait leurs choux blancs de cette loufoquerie de ce début d’année. Certains parmi eux en ont déduis qu’une monoplaces de Formule 1 était finalement de genre masculin, alors que d’autres tentaient déjà de faire accoupler une McLaren à la protubérance affichée avec une Lotus au nez en tenaille.

Toujours est-il que si la pièce d’Edmond Rostand vantant les mérites de Cyrano de Bergerac et de son attribut nasal protubérant, a nécessité une écriture en Alexandrin de douze pieds par vers, il ne faudra sûrement pas plus de douze tours pour que tous les fans de Formule 1 mettent de côté cette particularité et plongent le nez en premier dans une nouvelle saison qui s’annonce déjà passionnante à suivre. Quelle équipe et quel pilotes pourront alors dire en héros : « A la fin de l’envoi…je touche ! » ?

Axel B.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Gravatar
Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. ( Déconnexion /  Changer )

Photo Google

Vous commentez à l’aide de votre compte Google. ( Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. ( Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. ( Déconnexion /  Changer )

Annuler

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.