Les autres Français de la Formule 1 : Florent Gooden

Avec trois pilotes et un Grand Prix national de retour au calendrier, la France s’expose de plus en plus dans le monde de la Formule 1. Mais de nombreuses personnalités tricolores travaillent dans le microcosme de la discipline depuis de longues années. Lors du dernier Grand Prix de Monaco, nous avons rencontré le photographe Florent Gooden qui traine ses objectifs sur les circuits mondiaux depuis plusieurs années.

Présent sur une douzaine de Grand Prix de Formule 1 cette année mais aussi en Formule E et WTCR, ce passionné de sport automobile a réussi à se faire une place dans le milieu très concurrentiel et très anglo-saxon des photographes de Formule 1.

Avec l’aide de Bernard Asset, qui lui a mis le pied au trépied, Florent Gooden a trouvé une place de choix dans les paddocks de Formule 1 où il peut assouvir ses passions pour la photographie et le sport automobile au sein de DPPI, la plus ancienne agence de photos sportives.

Quel a été votre parcours pour devenir photographe en Formule 1 ?

« Au début j’étais simplement un passionné, je venais sur une course de temps en temps. J’ai rapidement pris le petit appareil photo de mon père, ce qui m’a tout de suite plu. Du coup, j’ai investi dans un petit appareil photo numérique et j’allais sur le maximum de courses possibles. Habitant à Lille, j’avais Zolder, Spa et le Nürburgring pas très loin, c’est donc là-bas que j’allais surtout. J’ai très vite su que je voulais en faire mon métier parce que les études…ça ne me plaisait pas ! Je les ai donc arrêtées et j’ai décidé de partir à l’étranger pour pratiquer un maximum l’anglais car c’est très important dans le milieu et j’en ai profité pour faire un ou deux Grands Prix lointains. »

Comment tout a commencé ?

« Une année je me suis rendu au Grand Prix d’Australie, j’étais en bord de piste, en zone spectateur, mais là-bas il y a peu de barrières qui la séparent de la zone photographe et j’ai aperçu Bernard Asset. On s’est parlé et il était étonné de voir un Français, à cet endroit, s’intéresser à lui. On connait souvent les photos mais peu les photographes. Il m’a donc aidé à avoir quelques accréditations, il mettait mes photos sur son site, ce qui m’a permis d’avoir mes premières publications dans les magazines comme Auto Hebdo ou Sport Auto. J’ai pu aller sur de plus en plus d’événements, rencontrer du monde comme par exemple Frédéric le Floc’h qui travaille pour DPPI. Je l’ai rencontré par hasard, il m’a demandé mes coordonnées et à partir de là c’est allé assez vite. J’ai donc commencé à travailler pour DPPI et lâcher mon boulot au Mc Donald. »

Pourquoi avoir choisi la Formule 1 ?

« C’est venu comme ça, du jour au lendemain. Je devais avoir 12 ou 13 ans, j’ai regardé un Grand Prix à la télévision, ça m’a plus et je me suis mis à regarder toutes les courses. Dans ma famille, personne ne regardait les courses ou ne suivait le sport automobile. »

Quel est le quotidien d’un photographe durant un Grand Prix de Formule 1 ?

« Il y a beaucoup de préparation, surtout au début quand on ne connait pas le circuit. Il faut regarder beaucoup de vidéos, les « onboard », voir où ça attaque, où il y aurait des « fonds » pas trop pollués par les publicités… à partir de ça on se fait une idée précise d’où aller puis on fait comme les pilotes, un « track-walk » (ndlr : une reconnaissance de la piste à pied) pour repérer les emplacements qui seraient intéressants. Il faut également prendre en compte la lumière, changeante, et bien faire son planning de piste autour de tout ça pour avoir le plus d’angles différents durant 1h ou 1h30 d’essais. Il faut aussi faire des photos à un endroit différent de l’endroit où on sera en course. On profite des essais pour aller au bout du circuit et laisser les angles proches du paddock et de la pitlane pour la course parce qu’il va falloir faire la grille de départ, le départ et le podium. Tout ça c’est l’aspect sportif mais à côté de ça, il y a énormément de choses à faire, notamment les interviews. Il faut savoir que c’est très difficile d’avoir des portraits des pilotes. L’expérience est importante dans ces moments-là car il faut savoir quand les pilotes sont disponibles et saisir ces opportunités importantes pour un photographe. »

De quelle photo êtes-vous le plus fier ?

« Je suis assez content d’une photo que j’ai faite aux essais hivernaux à Barcelone cette année. Il y a toujours une belle lumière en fin de journée. J’ai tenté une photo difficile et c’est la première fois que j’étais content de réussir une photo. J’ai tenté un réglage très risqué avec une vitesse d’obturation très lente qui fait qu’il faut bien suivre la voiture. Je voulais donner un effet de vitesse et donc à la fin de la photo donner un coup en avant avec l’objectif de façon à ce que cela fasse une trainée avec les reflets du soleil sur la carrosserie. Ça a marché mais…c’est une bonne photo sur cent essais ! »

F1-Barcelona-Winter-Tests-2018-5

(c) Florent Gooden

Quelle est la chose la plus difficile à photographier en Formule 1 ?

« Le plus dur c’est de faire de beaux portraits de pilotes. L’idéal c’est sans casquette, sans lunettes de soleil, sans combinaison, sans sponsors. Et en plus de ça, si on peut saisir une expression qui fait que la photo soit sympa, c’est parfait. Par exemple on a vraiment du mal avec Lewis Hamilton qui essaye de nous éviter un maximum, toujours la tête baissée. C’est ce qui fait que de temps en temps, on sort une image assez sympathique et finalement ça reste représentatif de ce qu’est la vie au quotidien dans le paddock avec les caméras et les photographes. »

Avez-vous le souvenir d’une frustration particulièrement marquante ?

« Mon premier Grand Prix, à Singapour en 2012. J’allais me rendre à un spot photo, j’étais sur le point d’arriver, il me restait à peu près trente secondes de marche et là, j’ai vu en montant l’escalator (c’est un circuit en ville on passe donc dans des zones publiques comme des sorties de métro ou autre pour rejoindre le circuit) énormément de gens courir pour se précipiter en haut. Il y avait Michael Schumacher qui venait de percuter la Toro Rosso de Jean-Eric Vergne en bout de ligne droite. C’est là où je me rendais, où j’allais être et à une minute près et j’ai raté une photo qui aurait été facile à avoir, entre guillemets, car c’était pleine face et il n’y avait pas de difficulté particulière. J’avoue que j’ai été frustré d’autant plus que c’était mon tout premier Grand Prix. Mais c’est aussi une question de chance. »

La concurrence est-elle forte entre photographes et comment réussir à se démarquer ?

« Il y a beaucoup de concurrence. Beaucoup de photographes, des anciens et des nouveaux. Il faut essayer de renouveler un peu la chose pour se distinguer, sortir deux ou trois images dans le week-end qui sont différentes. Il y a deux catégories de photo dans un week-end de Formule 1 : des portraits classiques pour la presse pour illustrer les essais et les courses et des photos plus artistiques qui prennent plus de temps mais qui changent et qui demandent des réglages plus risqués parfois. Il faut composer avec les deux. Mais la concurrence est assez féroce. C’est un milieu très anglo-saxon, avec beaucoup de Britanniques. »

Et ce qu’il existe néanmoins un « clan » français parmi les photographes ?

« Oui, bien que l’on soit des concurrents. Mais ce sont de bons amis, on ne se tire pas dans les pattes, c’est de la concurrence loyale. S’ils ont une photo d’un événement et que nous on ne l’a pas et bien c’est tant mieux pour eux, que le meilleur gagne. On ne peut pas être partout, il y a aussi une histoire de chance. »

L’accrochage entre Michael Schumacher (Mercedes) et Jean-Eric Vergne (Toro Rosso) au Grand Prix de Singapour 2012 :

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