La folle histoire du Grand Prix de Marseille

Il fut un temps où le championnat du monde de Formule 1 n’existait pas. Mais la course automobile était déjà bien ancrée dans les passions. A cette époque, certaines grandes villes françaises pouvaient accueillir des Grands Prix, et Marseille ne s’en est pas privée.

Circuit de Miramas — L’Automobile sur la Côte d’azur, juin 1937, Domaine public, commons.wikimedia

Avant 1950 et le début officiel du championnat du monde de Formule 1, des courses automobiles étaient déjà organisées et rassemblaient déjà des grands noms : Juan Manuel Fangio, Louis Chiron, Tazio Nuvolari ou encore Luigi Fagioli faisaient partie des affiches.

A cette époque, la course n’avait rien à voir avec ce qu’elle est aujourd’hui. Les pilotes étaient d’avantage des gentlemen drivers que des superstars internationales, les voitures étaient bien moins sophistiquées et la médiatisation de la discipline était bien moins importante. Tout comme la sécurité des pistes et des monoplaces d’ailleurs…

Mais cette approche moins aseptisée a permis l’organisation de certaines courses mythiques qui n’ont plus eu droit au chapitre une fois le championnat du monde lancé.

Ces Grands Prix pouvaient être nationaux, comme on le voit aujourd’hui, mais également organisés à plus petite échelle, par l’Automobile Club d’une région ou d’une ville.

Le Grand Prix de Marseille…à Miramas puis sur la Corniche

C’est ainsi que le Grand Prix de Marseille a vu le jour en 1932 sous l’impulsion de la municipalité et de l’automobile club de Marseille-Provence. Paradoxalement, le circuit ne se trouvait pas dans la cité phocéenne mais à une soixantaine de kilomètres de là, à proximité du village de Miramas.

Les règlements de l’époque sont assez loufoques puisque c’est le directeur de course qui établit la grille de départ après un tirage au sort. Le Français Raymond Sommer restera comme le premier pilote à inscrire son nom au palmarès du Grand Prix de Marseille en remportant la course qui comptait alors 80 tours.

Il faudra attendre 1946 pour que le premier Grand Prix International de Marseille se déroule enfin dans la cité phocéenne. La course n’avait plus été organisée depuis 1933 à cause de divers problèmes financiers, d’un certains désintérêt du public et surtout du début de la seconde guerre mondiale.

Le nouveau circuit emprunte la célèbre Corniche, en bord de Méditerranée et, plus tard, serpentera même dans les allées du Parc Borely, où une stèle en mémoire de Jean Pierre Wimille, pilote français décédé en course en 1949, y est toujours visible.

Le circuit continuera d’évoluer quelque peu au fil des années avec la création d’une chicane et une prolongation vers le quartier de Bonneveine, encore plus à l’est de Marseille. Lorsque la piste devra emprunter des rues où le tramway est déjà en place, la régie des transports marseillais goudronnera les rails pour que les monoplaces de F1 puissent rouler à toute vitesse.

Juan Manuel Fangio, Alberto Ascari et Stirling Moss jouent la victoire

En 1949, c’est le grand Juan Manuel Fangio qui remporte la course au volant de sa Simca-Gordini. L’Argentin, pas encore quintuple champion du monde de F1, vit un véritable moment de liesse avec un public marseillais venu nombreux applaudir ses héros. L’année suivante, un autre futur champion du monde, Alberto Ascari, se classe deuxième de l’édition 1950 avant de finalement l’emporter en 1952.

Même après la création du championnat du monde de Formule 1, le Grand Prix de Marseille perdure et accueille des courses de Formule 2 et des pilotes de renom comme Maurice Trintignant (Simca-Gordini) et Stirling Moss (HWM), respectivement 2ème et 3ème de l’édition 1951 remportée par Luigi Villoresi sur sa Ferrari 166 à une moyenne de 115km/h sur un circuit de moins de 3km. La veille, le Marseillais Robert Manzon avait signé la pole position devant son public avec sa Gordini.

L’année suivante marque pourtant la dernière édition du Grand Prix qui avait été, pour la première fois, inscrit au calendrier des courses décisives pour l’obtention du titre de champion de France de Formule 2. Le circuit s’était amélioré avec la création de passerelles permettant au public de traverser la piste durant la course.

Mais la création du championnat du monde officiel de Formule 1 en 1950 et l’émergence de circuits moins artisanaux sonnent le glas du Grand Prix de Marseille.

Il faudra attendre 2018 et le roadshow organisé en marge du Grand Prix de France, qui fait son retour cette année là au circuit Paul Ricard, pour entendre de nouveau des Formule 1 vrombir sur le Vieux Port de Marseille.

A l’heure où le calendrier 2021 de la Formule 1 est indécis pour certains rendez-vous à cause de la crise sanitaire, il se murmure que le circuit Paul Ricard pourrait bien accueillir une deuxième fois la discipline cette année. Voilà une belle occasion de faire revivre l’appellation du Grand Prix de Marseille, non ?

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