Nigel Mansell et Jordan : une association impossible

En décembre 1996, malgré une tentative de retour ratée chez McLaren la saison précédente, Nigel Mansell n’a pas encore accepté de refermer le chapitre de sa carrière en Formule 1. Eddie Jordan, grand admirateur du champion du monde britannique, lui offre un dernier roulage avec l’espoir d’en faire le coéquipier de Ralf Schumacher pour la saison 1997.

En remportant le titre mondial en 1992 au volant d’une Williams FW14B au dessus du lot, Nigel Mansell met un terme à plusieurs années de malchance qui l’ont vu échouer dans la quête du titre suprême tant convoité.

Fort de ce couronnement, le plus célèbre moustachu de la Formule 1 pense avoir un avantage certain au moment de négocier sa reconduction de contrat auprès de l’insensible Frank Williams. Mais ce dernier a d’autres projets en tête et préfère sortir Alain Prost de son année sabbatique pour la saison 1993.

Sans volant en Formule 1, Mansell va se tourner vers le CART, le championnat américain de monoplace, avec un certain succès . Cette année là, il remporte le titre de champion et monte sur la troisième marche du podium des mythiques 500 miles d’Indianapolis.

Mais lorsque Frank Williams fait appel à lui en 1994 pour courir dans le baquet du défunt Ayrton Senna, Mansell ravale sa fierté et s’aligne sur la grille de départ du Grand Prix de France. Il ajoutera même une 31ème victoire à son palmarès en remportant la dernière course de la saison, dans les rues d’Adélaïde, en Australie, au soir du premier sacre mondial de Michael Schumacher.

Galvanisé par son retour triomphant, le Britannique négocie un contrat auprès de Ron Dennis pour participer à la saison 1995 avec McLaren. Mais le design raté de la MP4/10 et l’embonpoint du pilote qui a du mal à se glisser dans l’étroit cockpit de la monoplace rouge et blanche obligent les deux parties à faire l’impasse sur les deux premiers Grand Prix.

Après un intérim assuré par Mark Blundell, Mansell prend enfin part aux Grands Prix de Saint Marin et d’Espagne sans réussir à marquer le moindre point. Les relations se tendent, le contrat est rompu et le champion du monde 1992 rentre chez lui non sans avoir qualifié la dernière née de McLaren de « poubelle ».

Mais les sirènes de la Formule 1 sont parfois trop difficiles à ignorer. Durant l’hiver 1996, Nigel Mansell a des discussions avec un Eddie Jordan opportuniste, qui flaire le bon coup médiatique en séduisant le sémillant quarantenaire.

C’est ainsi que « Il Leone », comme le surnommais les tifosi lors de son passage chez Ferrari, se retrouve à faire deux jours d’essais, les 11 et 12 décembre 1996, sur la piste de Barcelone, au volant de la Jordan 196 à moteur Peugeot.

Et l’expérience, même si elle semble satisfaisante pour Nigel, ne balaye pas tous ses doutes : « Nous allons envisager dans les jours à venir ce qui peut se passer et comment tout cela va se développer. Je ne me fais aucune illusions.« 

« Je me suis donné à fond et je sais ce qu’est la course automobile. Si on s’engage, on doit respirer, manger et dormir Formule 1. Il faut juste que je sache si je peux prendre cet engagement. » déclare alors le Britannique.

L’avis d’Eddie Jordan après les journées d’essais laisse également planer le doute : « Nigel a ses propres attentes et j’ai les miennes. Il a prouvé qu’il n’était pas là pour s’amuser, mais je ne sais pas trop ce qu’il va se passer après ça. Nous avons encore le temps d’annoncer notre deuxième pilote.« 

Au final, c’est Giancarlo Fisichella qui sera choisi par Jordan pour épauler le débutant Ralf Schumacher. A 43 ans, Mansell s’est finalement rendu compte qu’il n’était plus le pilote qu’il avait été dans les années 80 et au début des années 90. Cette fois-ci, même l’argent – on parlait d’un contrat de huit millions de dollars, n’aura pas réussi à convaincre Nige’ !

Et comme l’a parfaitement résumé Ralf Schumacher lorsqu’on l’a questionné sur ce nouveau come-back raté de son aîné : « A son âge, je ferais probablement autre chose… »

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