Pour Anthoine…

Je ne m’intéresse que très peu à ce qu’on appelle les « formules de promotion », que cela soit la F2, la F3 ou toutes les antichambres qui permettent d’accéder au rêve de tous pilotes : la Formule 1.  La discipline reine du sport automobile attire tous les regards et j’avoue n’avoir d’yeux que pour elle, moi aussi.

Pourtant, cette année, je t’ai croisé à plusieurs reprises et je me suis souvenu de toi assez facilement. Tout d’abord grâce à ton apparence. Un pilote avec des lunettes de vue ? Tiens donc, c’est assez rare dans le milieu du sport automobile où il ne faut dévoiler aucune faiblesse. Un pilote avec des corrections visuelles, je n’avais plus vu ça depuis Jacques Villeneuve, qui l’assumait assez mal, et Sébastien Bourdais, un autre Français comme toi. Mais tes deux ainés ont su convertir cette particularité comme un atout au regard de leur palmarès enviable.

Ensuite, c’est ton prénom qui m’a marqué : Anthoine ; que vient faire ce « h » en plein milieu de ce prénom assez commun ? C’est peut être justement pour faire comprendre à tout le monde que tu étais particulier que tes parents ont fait ce choix. Ils l’ont fait aussi pour ton frère, Victhor et c’est avant tout à eux que je pense en ce moment. Mais ils ne s’étaient pas trompés, car c’est vrai que tu étais quelqu’un de particulier.

Car si je me souviens surtout de toi c’est grâce à ton talent, ton sourire et ton humilité. Ces qualités que j’ai pu constater lors du roadshow de présentation du Grand Prix de France, à Toulon où tu étais proche des gens, à leur écoute et disponible pour le moindre selfie ou le moindre autographe. Et puis tu as remporté ta première victoire en F2 quelques semaines après, sur l’exigeante piste de Monaco et là, je me suis dit qu’on ne gagnait pas ici par hasard. Tu étais bien quelqu’un de particulier.

Tu as ensuite confirmé ce talent sur le Circuit Paul Ricard en empochant la victoire devant ton public. Ce jours-là, en salle de presse,  j’ai entendu un journaliste s’exclamer : « On aura au moins entendu une Marseillaise ce week-end ! » preuve s’il le fallait encore que tu représentais assurément l’avenir tricolore en Formule 1. L’équipe Renault ne s’était d’ailleurs pas trompée en misant sur toi pour t’accompagner vers ton rêve.

Vivre sa passion n’est pas toujours quelque chose de facile. Tu t’étais donné les moyens de devenir pilote automobile, avec les sacrifices et l’entrainement que cela demande pour atteindre ce niveau mais que peu de personnes peuvent voir et comprendre. Il faut être un peu fou pour piloter des bolides à plus de 200 km/h sur des pistes tout autour du monde. Mais c’était la vie que tu avais choisi, comme des centaines d’autres passionnés que tu as croisés sur les pistes depuis le début de ta carrière en karting, dès ton plus jeune âge. La course était ta passion, ta vie et tu les as perdu en faisait ce que tu aimais le plus, en attaquant à fond l’un des plus beaux virages d’un des plus beaux circuits du monde. C’est aussi pour ça que la course doit continuer, pour honorer ta mémoire, tes sacrifices, ton talent, ton humilité et rappeler à tous que ce sport est un engagement total qui, malheureusement fait naitre parfois  des héros de la manière la plus douloureuse possible alors qu’on sait pertinemment, Anthoine, que tu aurais été un héros du sport automobile, évidemment.

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