Les championnats à demi-point : la saison 1984

En cette année 2021, les classements des championnats pilotes et constructeurs comporteront, selon toute vraisemblance, des demi-points. L’occasion rêvée de faire un tour dans l’histoire de la discipline pour trouver d’autres saisons où cette particularité a eu lieu.

Suite à l’arrêt du Grand Prix de Belgique après seulement trois tours derrière la voiture de sécurité, il est fort probable que les champions du monde cette saison soient crédités d’un total de points peu commun, avec un chiffre à virgule.

Mais dans la grande histoire de la Formule 1, d’autres saisons ont déjà connu cette curiosité réglementaire, pour des raisons tout à fait diverses.

Le Grand Prix de Monaco 1984

Pour beaucoup de fans de Formule 1, ce 3 juin 1984, date du Grand Prix de Monaco, correspond à l’éclosion d’un des plus grands talents de la discipline : Ayrton Senna.

Dans cette saison, dominée par les moteurs turbo et les McLaren-Porsche de Niki Lauda et Alain Prost, il y a peu de chance qu’une petite équipe avec une motorisation artisanale arrive à s’imposer. Et pourtant, lors de ce Grand Prix de Monaco aux conditions météorologiques dantesques, Senna a bien failli mener sa modeste Toleman-Hart vers la victoire.

Les qualifications du samedi sont le théâtre d’un véritable miracle lorsque Martin Brundle sort indemne de sa Tyrrell après un spectaculaire accident dans le virage du Bureau de tabac. Sa monoplace, projetée dans les rails, s’immobilise en milieu de piste, sur le flanc.

L’infortuné pilote britannique a le bras coincé sous le ponton droit de la 012 et son casque touche le sol. Mais fort heureusement, les commissaires de piste arrivent rapidement à extraire de sa machine un Brundle incrédule et qui renonce finalement à poursuivre le week-end.

Le dimanche matin, la Principauté est noyée sous des averses incessantes qui forcent les organisateurs et le Directeur de course, le Belge Jacky Ickx, à repousser le départ de 20 minutes. Mais les conditions ne s’améliorent pas et le départ est néanmoins donné après que l’asphalte sous le tunnel ait été arrosé à la demande de Niki Lauda, afin d’éviter un trop grand écart d’adhérence avec le reste de la piste.

Parti en pole position, Alain Prost s’échappe rapidement en tête de la course, suivi par la Lotus de Nigel Mansell. Un peu plus loin dans le peloton, c’est Ayrton Senna qui réalise la bonne opération en s’emparant de la 8ème place au 3ème tour. Le Brésilien, qui s’est élancé en 13ème position, n’a rempli son réservoir d’essence qu’aux trois quart, tablant sur une interruption de la course au bout des deux heures réglementaires.

Au bout de dix tours, Senna est déjà dans les points, à presque 40 secondes du leader, Prost. Mais, un tour plus tard, ce dernier percute à faible vitesse un commissaire de piste qui intervient pour dégager la monoplace de Corrado Fabi. Le pilote de la McLaren perd alors la tête de la course au profit de Nigel Mansell.

Mais le pilote britannique, qui court encore après sa première victoire, percute le rail quelques tours plus tard et doit abandonner, tandis que Senna poursuit sa folle remontée et se trouve désormais sur les talons d’Alain Prost, qui hérite donc de nouveau de la tête de la course.

La pluie s’intensifie de tour en tour et dans ces conditions, le pilote McLaren joue la prudence alors que Senna, 2ème, et Stefan Bellof, étonnant 3ème au volant de sa Tyrrell, jouent le tout pour le tout.

Au 31ème tour, Prost agite les bras en franchissant la ligne pour demander l’arrêt de la course alors que Senna revient à grandes enjambées sur lui. Après quelques minutes de tergiversations, Jacky Ickx décide de mettre un terme au Grand Prix et un drapeau rouge ainsi que le drapeau à damiers sont brandis aux pilotes, créant la confusion parmi eux.

Ayrton Senna, qui a finalement doublé Prost au 32ème tour, pense avoir gagné la course. Mais, réglementairement, le classement pris en compte est celui du tour précédent, donc le 31ème, mené alors par Prost qui se voit ainsi offrir la coupe du vainqueur sous le nez d’un Senna fou de rage.

Heureux de sa victoire, Prost empoche avec avidité les 4,5 points attribués au vainqueur de cette course qui n’est pas allée à son terme. Mais, quelques mois plus tard, le pilote français s’interrogera longtemps sur cette interruption de course qui n’aura offert que la moitié des points aux pilotes, lui qui perdra finalement le titre de champion du monde face à Niki Lauda…pour 0,5 point !

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